La crise que nous traversons a provoqué une accélération des comportements et a vu naitre de belles initiatives. Depuis un an, l’agence Saguez & Partners initie des moments de partage d’expérience entre amis, « à la tête bien faite », pour croiser leurs visions. À la question « Votre monde a changé, comment voyez-vous les choses ? Que vous autorisez-vous à faire aujourd’hui que vous n’auriez pas fait il y a un an ? », nous vous partageons des réponses inspirantes.
Image : « Jumpologie », Jacques Tati, pour Philippe Halsman
Stéphane Hugon, Sociologue, Eranos
« On vient de vivre une période très violente : le vide, la distanciation sociale. Les sociologues s’intéressent à l’espace vide entre les gens, espace qui a disparu pendant cette période du Covid. Une entreprise ce n’est pas un groupe de gens extraordinaires mais ce qui fait le lien entre eux. L’individu ne sert à rien il faut le considérer dans un écosystème relationnel. Dans le design les lieux et les objets sont porteurs d’une relation. »
Olivier Saguez
« Demain ? Tout va être développement durable, utile, frugal et demain c’est tout de suite. Mais cela ne suffit pas, les lieux doivent sortir de l’ordinaire, il faut toucher la corde sensible. La crise actuelle est une crise de sensibilité. Les gens vont avoir besoin de fraternité, certes, mais aussi d’imprévu, d’inattendu, de poésie. »
Guillaume Poitrinal – Woodeum
« Je ne me suis jamais refusé aucun défi durant ma carrière. Mais ce qui est sûr c’est que nos clients sont en train de mettre la barre beaucoup plus haute qu’avant. Les immeubles de demain doivent tout offrir : la connection, l’usage mixte, l’inclusion, l’architecture, le confort, le design, l’art et surtout le développement durable,…le vrai, c’est à dire le bas carbone. »
« A l’heure où tout devient virtuel, on demande au bureau, au domicile, au commerce ou à l’hôtel de devenir des manifestes physiques et ultra-sensoriels des valeurs du monde de demain. Nous ne développons plus des espaces vides de sens mais des expériences immobilières utiles pour se reconnecter avec les autres, avec soi-même et avec la nature. C’est en cela que ce qui semblait impossible devient un magnifique défi. »
« Tout doit être responsable, écologique, social, poétique. »
Emmanuel Deschamps, Boulanger
« La période actuelle renforce ce qu’on a toujours pensé : le lien, l’humain, l’échange, on va tout miser là-dessus, on s’interroge encore pour aller plus loin, on est mûrs aujourd’hui pour mettre les produits autour du lien et non le contraire ! »
Emmanuel Tisseyre, Galeries Lafayette
« Bascule évidente et brutale. Ma vie : 200 nuits à l’hôtel et 140 vols en 2019 peuvent devenir 60. Donc je réduis mon nombre de nuitées ! »
Frédéric Lambert – Enchanté
« TOUT. Tous les critères classiques d’endettement, d’Ebitda ont explosé pendant cette période. Alors si nos entreprises ont été sauvées « quoi qu’il en coûte » et bien je la relancerais « quoi qu’il en coûte. Fini l’oeil rivé sur les finances. Les 2 pieds sur l’accélérateur pour faire, de la période à venir, le plus étonnant champ d’expérimentation entrepreneurial… »
Jérôme Bosc, Alboran
« Arrêter de travailler c’était nouveau pour nous car le métier de l’hôtellerie c’est du 24/24. Un vrai challenge pour faire revenir les collaborateurs. On le voit aussi dans la restauration. Il faut porter l’attention sur les équipes. »
Emmanuel Rogerat, Cofinance
« Demain, il faudra être très vigilant dans l’organisation du travail pour éviter de creuser un fossé entre les bons et les moins bons, pour développer les compétences des équipes et former les jeunes… des nouveaux challenges pour le management ! »
Thomas Bouvard, Les Hôtels Très Particuliers
« La crise nous a permis de réfléchir à un tas de choses, à des nouveaux concepts. La Folie Douce est très internationale, demain la clientèle sera plus européenne, il faut imaginer des produits plus locaux. »
Natalie Bader, Ritz Paris
« Période difficile qui nous a permis de nous concerter sur de nouveaux projets. On a appris à travailler différemment et à repenser le rôle d’un hôtel mythique de luxe. »
Samuel Renaudin, HPM
« Les tendances avant Covid s’accélèrent. Avant, l’hôtel était comme un cocoon refermé sur lui-même. Maintenant, plus ouvert sur l’extérieur. Les clients changent, avant très business, aujourd’hui c’est l’hôtellerie de loisir ou de luxe en province qui va monter. »
Romain Weber, Gecina
« On n’a pas changé radicalement avec le Covid, cela a renforcé notre stratégie, nos convictions autour du serviciel. Les bureaux vont se renouveler. Et dans le résidentiel, les gardiens sont remis au centre : accueil des locataires, gestion des parties communes… avant c’était un handicap, cela est devenu un atout en cette période. »
Marc Raffray, Ritz Paris
« Le Ritz est une Famille. Il a fallu accompagner le changement dans cette période, que ce soit auprès du management de proximité (la majorité des employés est là depuis longtemps), ou auprès du conseil d’administration et employés pour reconstruire la confiance. »
Christophe Poussielgue, Realités
« Cela a libéré les mentalités. Le rythme politique s’est détendu et a révélé la notion de proximité avec le territoire. Tisser le lien avec les gens, le lieu, la collectivité et définir un ouvrage fédérateur et spécifique. »
Davy Drezet – Onatera
« La période n’a pas changé notre vision. On s’autorise déjà de pouvoir tout changer. Le plus important à mes yeux c’est l’agilité. Nous n’avons pas eu un besoin vital de se réinventer et cela n’a pas remis en question notre volonté d’augmenter notre présence physique. Au contraire, le Covid a accéléré une tendance qui a émergé il y a 10 ans. »
Xavier Chantre – Métropole de St Etienne
« On a appris à gérer la distance et on a gagné du temps et de la souplesse. Des barrières sont tombées. Se pose cependant la question de quelle place aux espaces temps et physiques « zéro digital. »
Arthur Jaeger, Cycas Hospitality
« Aujourd’hui on s’autorise tout, plus de tabou, on est prêt à regarder plein de choses, des associations, des modus operandi. Certains partenariats qu’on n’aurait jamais faits avant. »
Philippe Depoux, La Française AM
« On est en train de mettre en place une boîte à outils de flexibilité dans nos immeubles et en intégrant du serviciel que l’on travaille avec certains de nos locataires. De nouveaux acteurs d’animation d’immeuble sont en train de se révéler. »
Eric Houviez, Orange
« Un vrai sujet nouveau pour le management, en intégrant que l’appréciation du télétravail ne se fait pas de la même manière selon les besoins, ou que l’on soit commercial ou comptable. »
Pour tous renseignements :
Morgane Trividic, m.trividic@saguez-and-partners.com